mardi 24 janvier 2012

dizains de neige

                           I

La mère à l’enfant son ventre se creuse
L’hiver rétracté, est-ce corps trahi
Tiré voie lactée en exil, pays
Ailleurs dérivant et brume amoureuse
L’angoisse tapie en lieu de caverne
Est-ce l’or qu’on dit caché dans l’Averne ?
La liesse d’antan d’aura fabuleuse ?
Ou bien la douleur hantée d’autre femme ?
L’absente couleur, mémoire du drame
Qui précéda l’an, la minute heureuse ?

                      II
Le continent froid de l’hiver perdu
Par des chemins drus, des manteaux de neige
La forge entretenue, mon amour que n’ai-je
Un écrit de toi, un mot entendu
Quand revient le soir, la vie qu’on abrège
Quelques notes noires que la main arpège
Par-dessus le toit un vent de pendu
Traîne des corbeaux que l’air désagrège
Ombres des chevaux fuyant le manège
Pour porter vers toi l’amour défendu

                     III

Sur le lit glacé rêve le Phénix
Les yeux transparents, guettant la nature
Langue contre dent muet d’écriture :
Silence tracé à même la nixe.
Le cristal brûle l’écorce fragile
Au rythme oscillant du pendule à fil
Qui marque l’année à l’horloge fixe
Quand la neige encore au carreau désole
L’effroi de nos corps que rien ne console
L’espoir détourné par un seul préfixe